Philippe Roch
Climat & Energie
Dessaler l'eau proprement
L'argent et l'orgueil dirigent le monde plus que jamais, inefficacement et dangereusement.
Je suis révolté d'entendre que la France va vendre des centrales nucléaires à la Libye, pour dessaler de l'eau de mer. Parce que les ressources en uranium sont limitées, le nucléaire ne pourra servir à dessaler de l'eau que pendant quelques décennies, laissant derrière des déchets pour des centaines de générations.
L'intention de la Libye est-elle bien de produire de l'eau ? Qui peut garantir que l'utilisation n'en sera que pacifique dans une région à l'avenir politique très incertain ? L'orgueil d'un dictateur et l'avidité d'un président ne justifient pas de nous faire courir à nous tous et à la planète de tels dangers.
Je connais peu de pays au monde qui disposent d'autant de soleil que la Libye. Or la technologie de dessalement d'eau de mer par l'énergie solaire existe. Des solutions sont déjà disponibles, par exemple la méthode à basse pression et basse température développée par une entreprise suisse, Watersolutions AG à Wohlen (AG) qui vient de trouver un investisseur étranger pour mettre son module sur le marché. Nos banques préfèrent perdre des milliards sur les marchés immobiliers douteux que de soutenir de telles technologies prometteuses. Et pourquoi le Conseil fédéral n'intervient-il pas auprès des gouvernements étrangers pour ouvrir des marchés à cette technologie solaire écologique suisse ?
Energie 2050
Percée historique du Conseil fédéral
La stratégie du Conseil fédéral marque un changement de paradigme qui rompt avec des décennies d'obsession nucléaire et de dénigrement des énergies renouvelables. On se souvient de la publicité encore récente des électriciens, dans laquelle Köbi Kuhn se faisait moquer parce qu'il ne pouvait recharger sa montre solaire sous la pluie. Dans le projet de loi sur l'énergie en consultation jusqu'à fin janvier, le Conseil fédéral propose l'abandon du nucléaire, une stabilisation de la consommation d'électricité dès 2020, des objectifs ambitieux de réduction de la consommation d'énergie par personne, de - 35 % jusqu'en 2035 et de ? 50% jusqu'en 2050, et la promotion des énergies renouvelables. Elle comporte toutefois encore quelques points faibles et des tentations bureaucratiques : il faudra débarrasser le projet des lourdes procédures qu'il instaure pour appels d'offre (art. 23 ? 27), contingentement du solaire (art. 20), fixation et contrôle d'objectifs des compagnies d'électricité (art. 43 ? 46) et aides financières (art.51 ? 53).
En matière d'économies d'énergie, le projet prévoit un doublement, jusqu'à 600 millions par an, des subventions dans le domaine du bâtiment. Je me méfie de ces subventions qui exigent un important appareil bureaucratique pour une efficacité très faible. Il faudrait leur préférer la défiscalisation des investissements consentis pour l'amélioration énergétique des bâtiments, avec la possibilité de répartir les déductions fiscales sur 5 ans.
Le système de rachat à prix coûtant de l'électricité produite par des sources renouvelables (RPC) est excellent dans son principe. En renchérissant très légèrement le prix de l'électricité, jusqu'à 0,9ct/kWh, il permet d'internaliser partiellement les coûts externes des moyens traditionnels de production (pollution, changements climatiques, déchets nucléaires, atteintes aux paysages), et de favoriser le développement de nouvelles formes de production plus écologiques, plus coûteuses au début de leur développement, mais dont les coûts baissent rapidement avec leur développement. Le projet propose de faire sauter le couvercle qui a été imposé jusqu'à aujourd'hui, et qui a conduit au blocage de plus de vingt mille projets photovoltaïques. C'est pourtant dans le domaine photovoltaïque que la RPC fonctionne le mieux, puisque la multiplication des projets a conduit à une baisse spectaculaire des coûts. L'électricité d'origine solaire coûtait encore 72 centimes le kWh en 2009, et déjà plus que 30 centimes le kWh en 2012, où la rétribution a baissé trois fois, de 8% en début d'année, puis de 10 % au 1 er mars et enfin de 15 % le 1 er octobre. Elle baisse encore de 8% au début 2013. Une installation isolée de plus de 1'000 kW produira dorénavant du courant pour 21,6 ct/kWh, soit à peu près le même prix que le courant éolien, qui lui a augmenté à21,5 ct/kWh. Dans le domaine de l'éolien et de l'hydroélectrique, la RPC fonctionne comme un simple subventionnement, sans espoir d'amélioration technique ni de réduction des coûts. Pourtant le projet de Conseil fédéral prévoit un contingentement des installations solaires au bénéfice de la RPC, alors qu'il laisse le terrain libre pour l'éolien et l'hydroélectrique.
La nature et le paysage sont les grands perdants de notre mode de développement ; il serait paradoxal qu'ils fassent les frais d'une politique énergétique prétendue écologique. Contrairement à ce que propose le projet du Conseil fédéral, il n'y a pas de raison de décréter un intérêt national pour des installations de production d'énergie et de pompage-turbinage (art. 14 et 15). Donner a priori la priorité à certaines installations va rapidement créer une dérive, et favoriser des projets mal préparés et mal justifiés, qui conduiront à d'interminables conflits, et à une opposition grandissante de la population. La pesée des intérêts doit se faire le plus tôt possible, au niveau de l'aménagement du territoire. C'est pourquoi l'obligation d'une planification (art. 11 - 13), à inscrire dans les plans directeurs des cantons, est une base nécessaire pour faire des choix de priorités entre les installations prévues, la protection de la nature et du paysage, et les intérêts des populations concernées.
Le projet ne tient pas compte du fait que les objectifs de stabilisation de la consommation d'électricité peuvent être compromis par un développement incontrôlé de nouvelles consommations d'électricité : le pompage-turbinage, qui consomme 25 % de l'électricité transformée, les pompes à chaleur et les véhicules électriques, pour lesquels des prescriptions d'efficacité devraient être promulguées.
Malgré ces quelques réserves, il faut soutenir sur le fond la politique ambitieuse du Conseil fédéral, qui ouvre d'importantes opportunités dans les domaines de la construction, des installateurs et de nombreuses PME de notre pays. La position négative exprimée par les industriels de Swissmem et Scienceindustries (voir Le Temps du 11 décembre 2012) est donc particulièrement incompréhensible.
Philippe Roch
Les documents soumis à la consultation sont disponibles sur : http://www.bfe.admin.ch/themen/00526/00527/index.html?lang=fr
Article publié dans Le Temps du 15 janvier 2013
Eboulements
Les villages les plus pauvres du Brésil, arrachés par des coulées de boue, ne sont pas victimes de la fatalité, mais de notre civilisation. Nous avons rompu les équilibres que la nature a mis des millions d'années à créer.
L'augmentation de la population, qui a triplé en 50 ans, est due à une médecine qui sauve des enfants, sans que nous soyons capables en même temps de contrôler les naissances. On sauve des enfants dont les deux tiers sont promis à la misère.
Cette augmentation de la population crée une pression destructrice sur des milieux qui autrefois la protégeaient contre les intempéries, tels que les forêts et les zones humides.
Le phénomène est amplifié par la boulimie de la société de consommation qui se répand comme une infection sur l'ensemble de la planète. On détruit les forêts de palétuviers, qui protègent les côtes tropicales contre les ouragans, pour augmenter la production de crevettes, et on coupe les forêts tropicales pour planter des palmiers à huile destinés à remplir nos réservoirs de biocarburants.
Le monde rétrécit, et les plus pauvres qui ont perdu leur terres se concentrent en les endroits les plus hostiles, où ils seront victimes du prochain éboulement.
Il faut remplacer le projet absurde de croissance par un projet d'harmonie, d'épanouissement, de retenue, d'humilité, de partage, de solidarité.
Nucléaire durable
Rechercher les textes et émissions radio:
Initiative
Inscrire dans la Constitution une réduction de 30 % des émissions de gaz à effet de serre ne me paraît pas être une bonne idée pour deux raisons :
Une réduction de 30% est insuffisante. Pour stabiliser le climat il faut réduire nos émissions de 60%.
La Constitution n'est pas le lieu approprié pour fixer des buts chiffrés et datés. Il y a pour cela la loi sur le CO2, qu'il faut renforcer pour une prochaine période, jusqu'à 2020 par exemple.
C'est d'une autre initiative dont nous avons besoin : une vaste alliance de la politique, de la science, et de l'économie pour développer les technologies renouvelables (solaire, éolienne, géothermique) et économes en énergie (transports collectifs efficaces, pile à combustible, minergie).
La politique doit fixer des buts, édicter des normes, imposer des taxes, voter des crédits de recherche, investir dans les transports publics et prescrire un aménagement du territoire moins dispersé. La science doit concentrer ses efforts sur une recherche utile, capable de répondre aux besoins de la société. Ces deux facteurs conduiront l'économie à investir davantage dans les réponses aux changements climatiques et à mettre sur le marché les technologies nécessaires.
La Suisse sera doublement gagnante. Elle deviendra moins dépendante des importations de pétrole, de gaz et d'uranium, et son industrie fera de bonnes affaires sur la scène internationale.
Puissance solaire
Dans le débat énergétique le soleil fait figure de rêve lointain, de parent pauvre incapable de répondre aux besoins de notre civilisation. Le soleil est pourtant déjà aujourd'hui la principale énergie qui couvre les besoins de l'humanité. Prenons simplement l'exemple du cycle de l'eau, dont nous dépendons directement pour notre survie et notre économie.
Le soleil évapore chaque année 577'000 km3 d'eau, qui retombe sur la terre et sur les mers sous forme de pluie, de neige, de grêle ou de rosée. Pour faire ce travail à la place du soleil, il faudrait construire 24 milliards de centrales nucléaires (il n'en existe aujourd'hui pas même 500 dans le monde). Sachant cela, qui ose encore dire que la contribution du soleil aux ressources énergétiques de l'humanité est dérisoire et qu'elle le restera ?
Pour couvrir tous les besoins actuels de l'humanité en énergie, il suffirait de capter moins de 1% de l'énergie solaire qui atteint la surface de la terre. Je ne peux pas croire que la science et la technique ne seront pas capables dans les 20 à 50 prochaines années de mettre en place ce captage, pour nous libérer des pollutions et des changements climatiques? Bien sûr, pour y parvenir, il faut que les incitations politiques, les initiatives de l'économie et les comportements individuels se liguent dans une vaste initiative solaire, qui fait encore largement défaut dans notre pays.
Climat contre nature
L'engouement pour les agro-carburants destinés à remplacer le pétrole faisait déjà craindre une destruction accélérée des forêts tropicales. La gangrène s'étend maintenant à l'Europe.
Parce que les changements climatiques ont provoqué une réduction de la production agricole, et que l'Union Européenne veut augmenter la production d'agro-carburants, la Commissaire européenne à l'agriculture Mariann Fischer Borel vient de proposer de supprimer l'obligation introduite en 1992 de consacrer 10% du territoire agricole à des jachères. D'un jour à l'autre les fleurs, les insectes, les reptiles, les oiseaux, les mammifères se verront privés de 4 millions d'hectares rien qu'en France, dans des régions où ils n'ont pas d'autres refuges, car la monoculture céréalière a détruit les éléments naturels du paysage. C'est une catastrophe pour la faune et la flore et un recul de la politique agricole.
On joue l'environnement contre la nature. Une mesure pour lutter contre les changements climatiques supprime l'un des piliers de la biodiversité. La mesure est d'autant plus perverse que l'un des meilleurs moyens d'atténuer les effets des changements climatiques est de maintenir une nature riche, des forêts, des haies, des prairies naturelles.
Espérons que la Suisse ne suivra pas ce chemin, et que l'Union Européenne refusera les propositions de sa Commissaire à l'agriculture.
Vers l'avenir
Le 9 juillet dernier au Japon le Conseiller fédéral Pascal Couchepin a plaidé la cause de l'énergie nucléaire, accusant les écologistes de bloquer le développement de cette forme d'énergie. Ces paroles ont dû réveiller les mauvais esprits puisqu'une semaine plus tard exactement, un tremblement de terre a causé d'importants dommages à la plus grosse centrale nucléaire du Japon, qui selon les propos même des autorités n'avait pas été conçue pour résister à un tel évènement. Résultat : la centrale est arrêtée jusqu'à ce que l'on puisse évaluer la situation. On ne connaît pas les quantités de radioactivité qui se sont échappées lors de cet incident.
Durant le même été nous apprenions que le Congrès américain veut mettre en place une politique qui aboutisse à la production de 15% de son électricité par des énergies renouvelables, et que le parc éolien (énergie du vent) mondial s'est accru de 15'000 Megawatts en 2006, soit l'équivalent de 15 centrales nucléaires.
La politique suisse reste déficiente dans le domaine de l'énergie solaire et éolienne. Elle a toujours considéré leur apport comme marginal, de l'ordre d'un à deux pourcents.
Au lieu de critiquer les écologistes, le Conseil fédéral et les grandes sociétés d'électricité feraient mieux de construire avec eux un avenir solaire et renouvelable, plutôt que de regarder en arrière vers une technologie dépassée et dangereuse.
Le feu de l'enfer
Les feux de forêts me rendent très triste. C'est comme si la nature n'en pouvait plus. Elle craque. Elle abandonne. En Grèce, en Corse, à Borneo, en Amazonie, partout le manteau qui protège la terre souffre et se déchire. Qu'allons-nous devenir ?
Je porte le deuil avec les familles grecques touchées par les incendies. Je partage leur désarroi. Je comprends leur colère contre les autorités, contre les secours insuffisants, contre le ciel, mais elle me laisse songeur. Quels politiciens et quelles politiques ont-ils donc soutenus aux dernières élections ? Sont-ils même allés voter ? Lorsque la planète s'embrase il est trop tard. Il faut voter des budgets, prendre des mesures pour protéger l'environnement et la nature, et lutter contre les changements climatiques avant que le feu de l'enfer nous rattrape
Lorsque je vois les images du Péloponèse, je me dis que quelques francs de plus sur le prix des carburants, une meilleure isolation des bâtiments, la renaturation des cours d'eau, une agriculture et une sylviculture écologiques et une vie plus simple, moins dévoreuse d'énergie ne sont pas des sacrifices, mais des bénédictions pour redonner à la nature la force de nous nourrir, de nous abriter et de nous protéger. Pensons-y dans quelques semaines lorsque nous serons appelés à élire nos représentants au Parlement fédéral. Après, il sera trop tard pour se plaindre.
Philippe Roch, Dr ès sc.
Curriculum vitae
Philippe Roch est originaire de Lancy (canton de Genève), où il est né le 13 septembre 1949. Docteur en biochimie (Université de Genève - 1977), il s'est engagé très tôt pour la protection de la nature et de l'environnement. Membre du parti démocrate chrétien, il a été conseiller municipal de la commune de Lancy de 1971 à 1973 et député au Grand Conseil de la République et canton de Genève de 1973 à 1981. Il a été successivement responsable romand du WWF puis membre de la direction nationale du WWF Suisse jusqu'en 1992. Le Conseil fédéral l'a nommé directeur de l'Office fédéral de l'environnement, des forêts et du paysage (OFEFP) en 1992. Après 13 ans passés à la tête de l'office, Philippe Roch a quitté ses fonctions à fin septembre 2005.
Sur le plan national, outre la responsabilité générale de l'office, Philippe Roch s'est particulièrement engagé pour la mise en oeuvre de la loi sur la réduction des émissions de CO2, le développement de la législation sur le génie génétique, la mise au point de labels de certification pour les forêts suisses, la conservation des marais et paysages marécageux, comme ceux de la rive sud du lac de Neuchâtel et la protection des espèces menacées comme le lynx. M. Roch a également été membre du Comité de pilotage Recherche, qui coordonne et planifie la recherche dans l'administration fédérale.
Au niveau international, Philippe Roch a représenté la Suisse dans les négociations internationales environnementales avec le titre de secrétaire d'État. Il s'est notamment engagé dans les domaines de la biodiversité, du climat, des déchets, des produits chimiques et de l'eau et pour le renforcement du PNUE et de la gouvernance environnementale mondiale ainsi que pour la responsabilité civile pour les dégâts causés à l'environnement. M. Roch était membre et deux fois co-président du Conseil d'administration du Fonds pour l'environnement mondial (FEM/GEF). Il a fait partie du Conseil d'administration de l'Institut des Nations Unies pour la formation et la recherche (UNITAR), dont il est depuis 2005 Senior Special Fellow. Il a également été président de la Conférence des Parties à la Convention de Bâle (1999-2002) et de la Conférence des parties à la Convention de Rotterdam (2004-2005). Il est membre du Conseil de fondation et du bureau du GCSP (Geneva Center for Security Policy).
Philippe Roch travaille actuellement comme consultant indépendant dans le domaine de l'environnement. Il est membre du Conseil de la Fondation Hainard, de la Fondation Pro Specie Rara, de la Station ornithologique de Sempach, de la Fondation Salvia, de la Fondation Addax & Oryx, de la Fondation Franz Weber et de l'association Helvetia Nostra. Philippe Roch est membre du conseil scientifique du certificat de formation continue en développement durable à l'Université de Genève, et il collabore avec l'Institut de politiques territoriales et d'environnement humain à l'université de Lausanne. Il consacre une grande partie de son temps à la recherche, à l'écriture et à la communication sur les questions écologiques, philosophiques et spirituelles. Il est membre du Comité d'éthique et de déontologie de l'Université de Genève.
Philippe Roch a reçu le 30 mai 2008 un doctorat en géosciences et environnement honoris causa de l'Université de Lausanne "pour son apport à la prise de conscience environnementale et au développement des connaissances en ce domaine en Suisse et à l'étranger, pour son humanité et son non-conformisme éclairé".
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Dessaler l'eau proprement
L'argent et l'orgueil dirigent le monde plus que jamais, inefficacement et dangereusement.
Je suis révolté d'entendre que la France va vendre des centrales nucléaires à la Libye, pour dessaler de l'eau de mer. Parce que les ressources en uranium sont limitées, le nucléaire ne pourra servir à dessaler de l'eau que pendant quelques décennies, laissant derrière des déchets pour des centaines de générations.
L'intention de la Libye est-elle bien de produire de l'eau ? Qui peut garantir que l'utilisation n'en sera que pacifique dans une région à l'avenir politique très incertain ? L'orgueil d'un dictateur et l'avidité d'un président ne justifient pas de nous faire courir à nous tous et à la planète de tels dangers.
Je connais peu de pays au monde qui disposent d'autant de soleil que la Libye. Or la technologie de dessalement d'eau de mer par l'énergie solaire existe. Des solutions sont déjà disponibles, par exemple la méthode à basse pression et basse température développée par une entreprise suisse, Watersolutions AG à Wohlen (AG) qui vient de trouver un investisseur étranger pour mettre son module sur le marché. Nos banques préfèrent perdre des milliards sur les marchés immobiliers douteux que de soutenir de telles technologies prometteuses. Et pourquoi le Conseil fédéral n'intervient-il pas auprès des gouvernements étrangers pour ouvrir des marchés à cette technologie solaire écologique suisse ?
Energie 2050
Percée historique du Conseil fédéral
La stratégie du Conseil fédéral marque un changement de paradigme qui rompt avec des décennies d'obsession nucléaire et de dénigrement des énergies renouvelables. On se souvient de la publicité encore récente des électriciens, dans laquelle Köbi Kuhn se faisait moquer parce qu'il ne pouvait recharger sa montre solaire sous la pluie. Dans le projet de loi sur l'énergie en consultation jusqu'à fin janvier, le Conseil fédéral propose l'abandon du nucléaire, une stabilisation de la consommation d'électricité dès 2020, des objectifs ambitieux de réduction de la consommation d'énergie par personne, de - 35 % jusqu'en 2035 et de ? 50% jusqu'en 2050, et la promotion des énergies renouvelables. Elle comporte toutefois encore quelques points faibles et des tentations bureaucratiques : il faudra débarrasser le projet des lourdes procédures qu'il instaure pour appels d'offre (art. 23 ? 27), contingentement du solaire (art. 20), fixation et contrôle d'objectifs des compagnies d'électricité (art. 43 ? 46) et aides financières (art.51 ? 53).
En matière d'économies d'énergie, le projet prévoit un doublement, jusqu'à 600 millions par an, des subventions dans le domaine du bâtiment. Je me méfie de ces subventions qui exigent un important appareil bureaucratique pour une efficacité très faible. Il faudrait leur préférer la défiscalisation des investissements consentis pour l'amélioration énergétique des bâtiments, avec la possibilité de répartir les déductions fiscales sur 5 ans.
Le système de rachat à prix coûtant de l'électricité produite par des sources renouvelables (RPC) est excellent dans son principe. En renchérissant très légèrement le prix de l'électricité, jusqu'à 0,9ct/kWh, il permet d'internaliser partiellement les coûts externes des moyens traditionnels de production (pollution, changements climatiques, déchets nucléaires, atteintes aux paysages), et de favoriser le développement de nouvelles formes de production plus écologiques, plus coûteuses au début de leur développement, mais dont les coûts baissent rapidement avec leur développement. Le projet propose de faire sauter le couvercle qui a été imposé jusqu'à aujourd'hui, et qui a conduit au blocage de plus de vingt mille projets photovoltaïques. C'est pourtant dans le domaine photovoltaïque que la RPC fonctionne le mieux, puisque la multiplication des projets a conduit à une baisse spectaculaire des coûts. L'électricité d'origine solaire coûtait encore 72 centimes le kWh en 2009, et déjà plus que 30 centimes le kWh en 2012, où la rétribution a baissé trois fois, de 8% en début d'année, puis de 10 % au 1 er mars et enfin de 15 % le 1 er octobre. Elle baisse encore de 8% au début 2013. Une installation isolée de plus de 1'000 kW produira dorénavant du courant pour 21,6 ct/kWh, soit à peu près le même prix que le courant éolien, qui lui a augmenté à21,5 ct/kWh. Dans le domaine de l'éolien et de l'hydroélectrique, la RPC fonctionne comme un simple subventionnement, sans espoir d'amélioration technique ni de réduction des coûts. Pourtant le projet de Conseil fédéral prévoit un contingentement des installations solaires au bénéfice de la RPC, alors qu'il laisse le terrain libre pour l'éolien et l'hydroélectrique.
La nature et le paysage sont les grands perdants de notre mode de développement ; il serait paradoxal qu'ils fassent les frais d'une politique énergétique prétendue écologique. Contrairement à ce que propose le projet du Conseil fédéral, il n'y a pas de raison de décréter un intérêt national pour des installations de production d'énergie et de pompage-turbinage (art. 14 et 15). Donner a priori la priorité à certaines installations va rapidement créer une dérive, et favoriser des projets mal préparés et mal justifiés, qui conduiront à d'interminables conflits, et à une opposition grandissante de la population. La pesée des intérêts doit se faire le plus tôt possible, au niveau de l'aménagement du territoire. C'est pourquoi l'obligation d'une planification (art. 11 - 13), à inscrire dans les plans directeurs des cantons, est une base nécessaire pour faire des choix de priorités entre les installations prévues, la protection de la nature et du paysage, et les intérêts des populations concernées.
Le projet ne tient pas compte du fait que les objectifs de stabilisation de la consommation d'électricité peuvent être compromis par un développement incontrôlé de nouvelles consommations d'électricité : le pompage-turbinage, qui consomme 25 % de l'électricité transformée, les pompes à chaleur et les véhicules électriques, pour lesquels des prescriptions d'efficacité devraient être promulguées.
Malgré ces quelques réserves, il faut soutenir sur le fond la politique ambitieuse du Conseil fédéral, qui ouvre d'importantes opportunités dans les domaines de la construction, des installateurs et de nombreuses PME de notre pays. La position négative exprimée par les industriels de Swissmem et Scienceindustries (voir Le Temps du 11 décembre 2012) est donc particulièrement incompréhensible.
Philippe Roch
Les documents soumis à la consultation sont disponibles sur : http://www.bfe.admin.ch/themen/00526/00527/index.html?lang=fr
Article publié dans Le Temps du 15 janvier 2013
Eboulements
Les villages les plus pauvres du Brésil, arrachés par des coulées de boue, ne sont pas victimes de la fatalité, mais de notre civilisation. Nous avons rompu les équilibres que la nature a mis des millions d'années à créer.
L'augmentation de la population, qui a triplé en 50 ans, est due à une médecine qui sauve des enfants, sans que nous soyons capables en même temps de contrôler les naissances. On sauve des enfants dont les deux tiers sont promis à la misère.
Cette augmentation de la population crée une pression destructrice sur des milieux qui autrefois la protégeaient contre les intempéries, tels que les forêts et les zones humides.
Le phénomène est amplifié par la boulimie de la société de consommation qui se répand comme une infection sur l'ensemble de la planète. On détruit les forêts de palétuviers, qui protègent les côtes tropicales contre les ouragans, pour augmenter la production de crevettes, et on coupe les forêts tropicales pour planter des palmiers à huile destinés à remplir nos réservoirs de biocarburants.
Le monde rétrécit, et les plus pauvres qui ont perdu leur terres se concentrent en les endroits les plus hostiles, où ils seront victimes du prochain éboulement.
Il faut remplacer le projet absurde de croissance par un projet d'harmonie, d'épanouissement, de retenue, d'humilité, de partage, de solidarité.
Nucléaire durable
Rechercher les textes et émissions radio:
Initiative
Inscrire dans la Constitution une réduction de 30 % des émissions de gaz à effet de serre ne me paraît pas être une bonne idée pour deux raisons :
Une réduction de 30% est insuffisante. Pour stabiliser le climat il faut réduire nos émissions de 60%.
La Constitution n'est pas le lieu approprié pour fixer des buts chiffrés et datés. Il y a pour cela la loi sur le CO2, qu'il faut renforcer pour une prochaine période, jusqu'à 2020 par exemple.
C'est d'une autre initiative dont nous avons besoin : une vaste alliance de la politique, de la science, et de l'économie pour développer les technologies renouvelables (solaire, éolienne, géothermique) et économes en énergie (transports collectifs efficaces, pile à combustible, minergie).
La politique doit fixer des buts, édicter des normes, imposer des taxes, voter des crédits de recherche, investir dans les transports publics et prescrire un aménagement du territoire moins dispersé. La science doit concentrer ses efforts sur une recherche utile, capable de répondre aux besoins de la société. Ces deux facteurs conduiront l'économie à investir davantage dans les réponses aux changements climatiques et à mettre sur le marché les technologies nécessaires.
La Suisse sera doublement gagnante. Elle deviendra moins dépendante des importations de pétrole, de gaz et d'uranium, et son industrie fera de bonnes affaires sur la scène internationale.
Puissance solaire
Dans le débat énergétique le soleil fait figure de rêve lointain, de parent pauvre incapable de répondre aux besoins de notre civilisation. Le soleil est pourtant déjà aujourd'hui la principale énergie qui couvre les besoins de l'humanité. Prenons simplement l'exemple du cycle de l'eau, dont nous dépendons directement pour notre survie et notre économie.
Le soleil évapore chaque année 577'000 km3 d'eau, qui retombe sur la terre et sur les mers sous forme de pluie, de neige, de grêle ou de rosée. Pour faire ce travail à la place du soleil, il faudrait construire 24 milliards de centrales nucléaires (il n'en existe aujourd'hui pas même 500 dans le monde). Sachant cela, qui ose encore dire que la contribution du soleil aux ressources énergétiques de l'humanité est dérisoire et qu'elle le restera ?
Pour couvrir tous les besoins actuels de l'humanité en énergie, il suffirait de capter moins de 1% de l'énergie solaire qui atteint la surface de la terre. Je ne peux pas croire que la science et la technique ne seront pas capables dans les 20 à 50 prochaines années de mettre en place ce captage, pour nous libérer des pollutions et des changements climatiques? Bien sûr, pour y parvenir, il faut que les incitations politiques, les initiatives de l'économie et les comportements individuels se liguent dans une vaste initiative solaire, qui fait encore largement défaut dans notre pays.
Climat contre nature
L'engouement pour les agro-carburants destinés à remplacer le pétrole faisait déjà craindre une destruction accélérée des forêts tropicales. La gangrène s'étend maintenant à l'Europe.
Parce que les changements climatiques ont provoqué une réduction de la production agricole, et que l'Union Européenne veut augmenter la production d'agro-carburants, la Commissaire européenne à l'agriculture Mariann Fischer Borel vient de proposer de supprimer l'obligation introduite en 1992 de consacrer 10% du territoire agricole à des jachères. D'un jour à l'autre les fleurs, les insectes, les reptiles, les oiseaux, les mammifères se verront privés de 4 millions d'hectares rien qu'en France, dans des régions où ils n'ont pas d'autres refuges, car la monoculture céréalière a détruit les éléments naturels du paysage. C'est une catastrophe pour la faune et la flore et un recul de la politique agricole.
On joue l'environnement contre la nature. Une mesure pour lutter contre les changements climatiques supprime l'un des piliers de la biodiversité. La mesure est d'autant plus perverse que l'un des meilleurs moyens d'atténuer les effets des changements climatiques est de maintenir une nature riche, des forêts, des haies, des prairies naturelles.
Espérons que la Suisse ne suivra pas ce chemin, et que l'Union Européenne refusera les propositions de sa Commissaire à l'agriculture.
Vers l'avenir
Le 9 juillet dernier au Japon le Conseiller fédéral Pascal Couchepin a plaidé la cause de l'énergie nucléaire, accusant les écologistes de bloquer le développement de cette forme d'énergie. Ces paroles ont dû réveiller les mauvais esprits puisqu'une semaine plus tard exactement, un tremblement de terre a causé d'importants dommages à la plus grosse centrale nucléaire du Japon, qui selon les propos même des autorités n'avait pas été conçue pour résister à un tel évènement. Résultat : la centrale est arrêtée jusqu'à ce que l'on puisse évaluer la situation. On ne connaît pas les quantités de radioactivité qui se sont échappées lors de cet incident.
Durant le même été nous apprenions que le Congrès américain veut mettre en place une politique qui aboutisse à la production de 15% de son électricité par des énergies renouvelables, et que le parc éolien (énergie du vent) mondial s'est accru de 15'000 Megawatts en 2006, soit l'équivalent de 15 centrales nucléaires.
La politique suisse reste déficiente dans le domaine de l'énergie solaire et éolienne. Elle a toujours considéré leur apport comme marginal, de l'ordre d'un à deux pourcents.
Au lieu de critiquer les écologistes, le Conseil fédéral et les grandes sociétés d'électricité feraient mieux de construire avec eux un avenir solaire et renouvelable, plutôt que de regarder en arrière vers une technologie dépassée et dangereuse.
Le feu de l'enfer
Les feux de forêts me rendent très triste. C'est comme si la nature n'en pouvait plus. Elle craque. Elle abandonne. En Grèce, en Corse, à Borneo, en Amazonie, partout le manteau qui protège la terre souffre et se déchire. Qu'allons-nous devenir ?
Je porte le deuil avec les familles grecques touchées par les incendies. Je partage leur désarroi. Je comprends leur colère contre les autorités, contre les secours insuffisants, contre le ciel, mais elle me laisse songeur. Quels politiciens et quelles politiques ont-ils donc soutenus aux dernières élections ? Sont-ils même allés voter ? Lorsque la planète s'embrase il est trop tard. Il faut voter des budgets, prendre des mesures pour protéger l'environnement et la nature, et lutter contre les changements climatiques avant que le feu de l'enfer nous rattrape
Lorsque je vois les images du Péloponèse, je me dis que quelques francs de plus sur le prix des carburants, une meilleure isolation des bâtiments, la renaturation des cours d'eau, une agriculture et une sylviculture écologiques et une vie plus simple, moins dévoreuse d'énergie ne sont pas des sacrifices, mais des bénédictions pour redonner à la nature la force de nous nourrir, de nous abriter et de nous protéger. Pensons-y dans quelques semaines lorsque nous serons appelés à élire nos représentants au Parlement fédéral. Après, il sera trop tard pour se plaindre.
Rencontres avec Philippe Roch
Fraternité de Pirassay
Rencontres spirituelles et méditations. Pour vous inscrire à la Fraternité de Pirassay, et recevoir les programmes d’activités détaillés, envoyer vos coordonnées et motivation à phr@pirassay.ch
La fraternité informe régulièrement sur ses activités sur Facebook, Groupe Nature et spiritualité :
https://www.facebook.com/groups/Philippe.Roch
ONU Genève
17 avril
Colloque international
Convergence des consciences vers les ODD : chemins et leviers Informations et inscription : https://reg.unog.ch/event/23949/
Baulmes
21 avril
Ma spiritualité au naturel Conférence, marche méditative, méditation dans la nature Informations et inscription :
Le salon du livre
Genève
Table ronde
La scène du Moi
Vendredi 27 avril
Détails : http://www.salondulivre.ch/fr/
Château de Bossey
1 – 3 juin 2018
La place et la responsabilité de l’humain dans la nature
Présentation :
https://brotfueralle.ch/content
Inscription :
https://form.jotformeu.com/80294320879362
site transition intérieure :
https://painpourleprochain.ch/transition-interieure